Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire

 

Imaginons une géographe qui aurait étalé devant elle les plans des villes. Toutes. Villes actuelles, futures, passées, fantasmées et réelles. Les plans se frôlent, ils se chevauchent, se dédoublent. La géographe observe ce qui surgit, accroche, glisse, vit et meurt. Tout ce qui fonde les villes, leurs mémoires, les traces inscrites et effacées. Au début on n’ose pas y toucher. Puis on y met un pied, doucement, comme sur un sol nouveau, un petit monde.
Elle examine, dessine. Tire d’autres plans, plus fructueux, plus indociles, terribles et interrogatifs, gorgés de notre histoire, avec nos migrations, nos quêtes, notre présent. Cette ville, elle a mangé de nous des morceaux entiers. Et ce qu’elle n’a pas pris, on le lui a donné.
Virginie Gautier est cette géographe. Son écriture est une traque, une percée qui sonde le plus particulier, le plus universel. Elle dit qu’ensemble nous sommes la ville mouvante, fuyante, toujours en construction.
On dit je suis d’ici. On est d’un autre temps, qui échappe. Autant dire d’ailleurs, autant dire de plus jamaisÉditions Publie.net, 2014

en entretien vidéo (« Un livre, un jour 2.0″)