C’est toujours pareil, l’enchaînement des jours, les silences bout à bout. Quand je ferme les yeux je vois des chemins pour après. Je guette l’animal tapi au fond de mon corps, qui attend. Et dire qu’il va falloir retourner au dehors, à la terre. Je soupèse chacun de mes pas, je sais ce qu’il en coûte de rester, de repartir. J’attends que s’achève le jour.
Francesca Woodman appartient à la légende de la photographie. Née en 1958 à Denver, elle commence à prendre des photographies à l’âge de treize ans. Elle se suicide à vingt-deux ans et laisse derrière elle une œuvre dense, qui continue à influencer de nombreux photographes contemporains. Ses photographies ont nourri l’écriture des Yeux fermés, les yeux ouverts.
Virginie Gautier s’attache à y suivre les pas d’une jeune femme en rupture avec la société. Alors qu’elle s’arrête dans un village où elle cherche un endroit pour la nuit, un ouvrier, R, lui propose de l’accompagner et lui offre un havre où faire halte et se reposer quelque temps.
Comme dans Les zones ignorées, l’écriture sensible et précise de Virginie Gautier s’empare d’un personnage en marge, qui trouve dans l’errance un moyen de se dissoudre, de se fondre dans le paysage. Éditions du Chemin de Fer, 2014